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Jean-Pierre Sergent

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À propos des vidéos : textes de présentations supplémentaires de certains entretiens vidéos - 2008 - 2016

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"Digressions dans l'atelier" entretiens entre l’artiste Jean-Pierre Sergent & la philosophe Marie-Madeleine Varet | 8 parties | atelier de Besançon le 6 octobre 2016 - Voir les vidéos


Marie-Madeleine et moi-même avions en prévision de réaliser ces entretiens depuis plus de deux années, nous en avions discuté lors de nombreuses rencontres à l’atelier ou lors de repas pris ensemble lorsque Marie-Madeleine rentrait à Besançon de ces nombreux voyages de travail. C’est donc avec une grande joie et grande émotion que nous nous sommes tous enfin retrouvés avec Lionel et Christine, lors de ces jours d’octobre 2016, pour le tournage de ces petits films.
Ils serviront surtout à faire partager avec le public, l’enthousiasme et les commentaires pertinents et joyeux de Marie-Madeleine au sujet de mon travail, en espérant aussi qu’ils aideront à la compréhension de l’Art en général et au bonheur d’accueillir cet Art au fond de nous-mêmes, comme une nourriture salutaire et propitiatoire au développement spirituel de chacun.

Ces huit entretiens vidéos ont été filmés à l’atelier de Besançon les 6 et 7 octobre 2016 par Lionel Georges (Les Fêlés de la Focale) avec un enregistrement sonore et les photos du tournage de Christine Chatelet.

  1. L'unité carrée
  2. La grille de lecture, les facettes d'un rubicube
  3. L'œuvre continue et enveloppant
  4. L'énergie cohésive
  5. L'axis mundi, les croisements des axes directionnels et des temps historiques
  6. La surface du mur horizontale-verticale, le voyage cosmique
  7. Les mouvements-énergies centrifuges et centripètes, le rayonnement du "core" vers l'"autour", l'explosion cosmique
  8. L'océan primordial, la multiconscience
  9. Les temps cycliques et non linéaires
  10. L'œuvre protéiforme : polymorphique, polygraphique, polyphonique, polysémique
  1. peindre c'est vouloir aimer
  2. L’énergie vitale, le surdésir
  3. La vulve, le vortex, le sexe féminin
  4. la fécondité, le corps de la femme
  5. L'altérité, la dualité yin-yang, le don de soi
  6. Le cahos organique du désir opposé a la géométrie des patterns
  7. Rapport au public très superficiel (thématique)
  1. La tombe de néfertari, l'art mural et l'art mortuaire
  2. La question de l’éternité
  3. La métamorphose, l'inconscient et le surréel
  4. Le travail transcendant, transversal, marginal
  5. La mémoire, l'archétype
  6. La résolution du tout dans le multiple
  7. L'ouverture de la conscience
  8. La peinture est le lieu du rituel
  9. Au-delà de la peinture dans la métaphysique ?
  1. Les fouilles dans les mythes, les rites et le sacré intemporel
  2. La pensée mystique & archaïque des cultures éthniques
  3. La coupe à vif transversale dans la chair du cosmos
  4. La transcendance du voyage artistique, la transgression, l'odyssée
  5. Dimension heuristique de l’œuvre
  1. La couleur, le cadre, les bleus mystiques
  1. Présentation d'une vingtaine d'œuvres sur papier de la série des Croquis (1984/2003)
  2. Épopées américaines (chamanisme)
  3. Genèse de l’œuvre, matrice : partie/détail/fragment constituent dès l'origine un tout à part entière. unité de l'origine
  4. Intitulés (écriture poétique des titres)
  1. Présentation d'une vingtaine d'œuvres sur papier de la série des Bones, flowers & ropes (2016)
  1. - "Je frissonne. Jamais, jamais plus je n’aurai chaud dans mon sang et dans ma chair." In La nuit des temps, René Barjavel
  2. - "Les âmes sorties de ce monde émigrent vers les astres, qui sont des êtres animés." In La Tentation de saint Antoine, Gustave Flaubert
  3. - Le chasseur de cigales : "Quand je suis arrivé à en maintenir trois, je n’en manque plus qu’une sur dix. Quand je suis arrivé à cinq, j’attrape les cigales comme si je les ramassais. A ce stade, je maintiens mon corps immobile comme un tronçon d’arbre plongé dans le sol. Je tiens mon bras inerte comme une branche desséchée. Au milieu de l'immensité de l'Univers et de la multiplicité des choses, je ne connais plus que les cigales, je ne me retourne ni ne me penche. Je n’échangerais pas les ailes d’une cigale contre tous les êtres du monde, comment ne les attraperais-je pas ?" Œuvre complète, Tchouang-Tseu
  4. - "(On parvient à l’amour divin par l’amour charnel, disait Saint Bernard) Shiva est le principe du plaisir érotique non de la fécondité. Errant dans la forêt, il répand son sperme par des pratiques masturbatoires. Il inspire le désir, la folie érotique. Son fils Skanda est né sans l’intervention d’un élément féminin. Toute la beauté, toute la joie du monde se manifeste par une explosion érotique. Les fleurs jettent leur pollen au vent. La fécondation n’est qu’un accident de parcours dans une manifestation de joie érotique. L’éros ne connais pas de différence de sexes, d’objet. C’est une impulsion intérieure qui s’élance vers la beauté, vers l’harmonie. La création du monde est un acte érotique, un acte d’amour, et tout ce qui existe en porte la marque, le message. Tout est organisé dans les êtres vivants en fonction de cette expression de plaisir, de joie, de beauté, de bonheur, qui est la nature divine et secrète de tout ce qui existe." Shiva et Dionysos, Alain Daniélou

CONCLUSION PAR MARIE-MADELEINE VARET

  1. Discussion devant le mur + (commentaires sur les masques ?)
  2. Ésotérisme et symbolisme
  3. Hasard et nécessité (la résolution de ces antinomies dans l'unité cosmique de l’œuvre)
  4. L’homme comme incarnation de cette réalité
  5. La terre mère gaia (coupe transversale au centre de l'univers) et le ciel ouranos qui se rejoignent dans et au travers du désir éros
  6. Le mur comme voyage au centre de la terre (et en même temps verticalité ascendante vers le cosmos …)

Entretiens avec Lionel Georges | 4 parties | Atelier de Besançon | Besançon le 21 septembre 2015 - Voir les vidéos

 

Jean-Pierre Sergent évoque son travail, la peinture et sa technique sérigraphique, ainsi que ses multiples sources d'inspirations : Pensée hindou, Tantrisme, Animisme, rituels & peintures Précolombiennes, énergie de la couleur, etc...

L'artiste peintre lit 9 citations importantes provenant de livres et d'auteurs qui influencent son travail :

  1. Goethe : "L’art seul permet l'accomplissement de tout ce que, dans la réalité, la vie refuse à l'homme."
  2. C.G. Jung, Le Mystère de la fleur d'Or : "Dieu habite dans le vide et la vitalité les plus extrêmes."
  3. Annapurna Upanishad : "Je suis uni à celui qui demeure à la pointe du brin d'herbe, dans le ciel, dans le soleil, dans chaque être humain, dans les montagnes, et même dans les divinités... Pensant ainsi il ne connaît plus la souffrance."
  4. Tchouang-tseu : "Je contemple le secret de la création. Quand ma curiosité sera satisfaite, j'enfourcherai l'oiseau immense pour m'évader de l'univers et errer librement au pays du néant et de l'infini. Comment veux-tu que je m'intéresse au gouvernement des hommes ?"
  5. C.G. Jung, Le Mystère de la fleur d'Or : - "Tout ce dont nous sommes conscient est image, et que l'image est âme."
  6. Annapurna Upanishad : "Infini et joie : - Ce qui est l'infini, c'est cela la joie. Il n'existe nulle joie dans le fini. Seul l'infini est joie. C'est donc indéniablement l'infini qu'il faut rechercher.
    - Ô Vénérable, je me mets en quête de l'infini."
  7. Les Hymnes Spéculatifs du Véda : Le souffle : "Hommage au souffle ! Sous son contrôle est cet univers. Il est le maître de toutes choses. Tout a en lui ses assises."
  8. Chogyam Trungpa, le Mythe de la liberté : "En fait pour un véritable adepte du Tantra, la compréhension de la vivante énergie du cosmos en terme de structures, formes et couleurs n'est pas une question d'imagination ou d'hallucination. Cela est réel.”
  9. Siueh-teou :  “Et voici les fleurs célestes tombant en pluie tandis que la terre tremble !"

Transgressions* ? l'artiste peintre Jean-Pierre Sergent & la philosophe Marie-Madeleine Varet | Exposition Sexe & Rituels | Besançon | 4 avril 2013 - Voir la vidéo

Marie-Madeleine Varet-Pietri est philosophe. Après un cursus de philosophie à l'Université de Franche-Comté, elle a poursuivi ses études aux États-Unis (de 1971 à 1974), à Columbia University et à la State University de Buffalo. Elle y a particulièrement développé ses thèmes de recherche en direction de la philosophie analytique anglo-saxonne. De retour en France, elle est nommée Ingénieur d'Étude, puis Ingénieur de Recherche à l'Université de Franche-Comte. Dans ce cadre, elle assure des fonctions d'enseignement et de recherche au sein des Laboratoires "Logiques de l'Agir", "Centre de Documentation et Bibliographie Philosophiques" (Besançon), "Philosophy Documentation Center" (Charlottesville, Virginia), "Institut International de Philosophie" (Paris).

* "D'un point de vue conceptuel, la transgression signifie traverser la limite pour atteindre l'illimité. La transgression ne s'oppose pas à une limite mais elle franchit toutes les limites dans leur principe, c'est-à-dire qu'elle affirme la possibilité de vivre illimité. C'est l'acte de dépasser toutes limites (tabous par lesquels l'humain se distingue de l'inhumain)." Source Wikipédia


Entretien avec Pascal Bertrand | Atelier de Besançon | 1 décembre 2012 - Voir la vidéo

Jean-Pierre Sergent et Pascal Bertrand, directeur de la galerie Omnibus de Besançon parlent des travaux sur papier présentés à l'exposition Sex & Rituals, à la galerie OMNIBUS de Besançon, du 2 mars au 18 avril 2013.

L'’artiste présente dix-neuf œœuvres sérigraphiées sur papier, monochromes à tirage unique et de grand format : 1,20 x 1,07 m, sélectionnés spécialement pour les thèmes de cette exposition parmi sa série des Large Papers, commencée à New York en 1999. Ces travaux sont réalisés en parallèle de sa production sur Plexiglas. Il s'en dégage une énergie, une sensualité, une douceur, une vitalité et une présence féminine lunaire qui leurs sont propres.

Les thèmes invoqués sont, comme le titre de l'exposition l'indique, une réflexion iconographique autour d'images sexuelles et de rituels provenant de cultures et d’époques différentes. dans différentes cultures. 
Pour les rituels, il choisit souvent des images issues des civilisations méso-américaines, traitant de la transe et de la métamorphose chamanique, comme lorsque le chaman maya rencontre le Serpent cosmique.
 Pour les images dépictant des scènes érotiques, il utilise largement des dessins de mangas japonais, en symbiose avec des textes érotiques écrits en anglais, au langage cru et obscène. Ce mélange faisant alors penser aux scènes d'orgies dionysiaques régénératrices des sociétés traditionnelles païennes ou antiques.


Il faut venir voir, dans ce magnifique espace dédié à l'art contemporain, respirer et vibrer ces papiers aux couleurs uniformes, franches, vives, New Yorkaises, arborant des dessins linéaires, tracés comme à la hache et dégageant une force vitale indéniable.
Douze petits travaux sur papier de la série des Mangas, Yantas & otras cosas, 2011, accompagne également cette exposition, ainsi que le superbe Bondage & Freedom, 1998, une immense œœuvre sérigraphiée sur papier de 3 m de long par 1,50 m de haut.


Le peintre et l'historien d'art | Entretien avec Thierry Savatier | Ferme Courbet | Flagey | France | 13 mai 2012 - Voir la vidéo

Film documentaire de 40 mm, enregistré à la Ferme Courbet de Flagey, par Lionel Georges, pour le Conseil général du Doubs, le 13 mai 2012, après la conférence donnée par Thierry Savatier sur l'histoire du tableau L'Origine du monde de Gustave Courbet.

Jean-Pierre Sergent et Thierry Savatier parlent de la grande installation murale et des œuvres présentées lors de l'exposition Nature, cultures, l'origine des mondes, ainsi que des références historiques entre le travail de Courbet et les œuvres de Jean-Pierre : le rapport au grand format, à la nature, à l'érotisation du corps de la femme etc.

À voir aussi : la conférence, et le débat avec le public, où Thierry Savatier nous parle pendant une heure de l'histoire rocambolesque de "l'Origine du monde", le célèbre tableau de Gustave Courbet, depuis sa réalisation en  1866 puis en décrivant ses propriétaires successifs de Khalil-Bey à Jacques Lacan jusqu'au Musée d'Orsay aujourd'hui.

Thierry Savatier est historien de l'art, spécialiste du XIXe siècle. Il est l'auteur d'une édition critique de l'œuvre érotique de Théophile Gautier (Honoré Champion), d'une biographie de Madame Sabatier (Une Femme trop gaie, biographie d'un amour de Baudelaire, CNRS Editions), d'un essai consacré à L'Origine du monde : L'Origine du monde, histoire d'un tableau de Gustave Courbet publié chez Bartillat (Prix Lucien Febvre 2006, traduit dans trois langues) et de la préface de la dernière édition du Dictionnaire de cuisine d'Alexandre Dumas (Bartillat). Il prépare actuellement un essai sur La Femme piquée par un serpent de Jean-Baptiste Clésinger. Thierry Savatier anime en outre un blog culturel sur le site du Monde.fr, intitulé Les Mauvaises fréquentations et donne des conférences basées sur ses thèmes de recherche.
Les Tribulations de L'Origine (Université d'Amiens), L'Ori-gyne du monde, image ob-scène ? (New York University, Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm), La Scène érotique chez Gustave Courbet (Université de Rennes), L'Origine du monde (Galeries nationales du Grand Palais, Fondation Beyeler, Musée de Thouars), Le Dictionnaire de cuisine d'Alexandre Dumas (Musée de Thouars), Le Non-dit dans le cinéma de Nadine Labaki (Université Saint-Joseph, Beyrouth).

- Un entretien avec l’artiste plasticien Jean-Pierre Sergent

Au mois de mai dernier, j’avais consacré une chronique à l’exposition Nature, cultures, l’origine des mondes qui réunissait des œuvres de l’artiste plasticien Jean-Pierre Sergent à la Ferme de Flagey, près d’Ornans (Doubs), un cadre chargé d’histoire, puisque cette bâtisse, entièrement restaurée par le Conseil général, appartint à la famille de Gustave Courbet et que le peintre y vécut et y travailla. La chambre qu’il occupait y est encore visible aujourd’hui.
Invité pour l’occasion à donner une conférence sur L’Origine du monde, toile emblématique du maître, j’ai profité de cette chance pour dialoguer en public avec Jean-Pierre Sergent. Cet entretien a fait l’objet d’un documentaire filmé par Lionel Georges. On peut le voir en ligne en suivant ce lien.
J’ai naturellement cherché à limiter mes interventions au strict nécessaire, afin de laisser pleinement l’artiste s’exprimer. Durant 40 minutes, Jean-Pierre Sergent, avec toute la modestie qui caractérise les vrais artistes, parle de son art, de ses expériences, de sa technique, de ses influences, des enjeux d’une œuvre où spiritualité, érotisme et nature restent indissociables. Il évoque enfin les passerelles qui le relient à Gustave Courbet. Thierry Savatier


Film documentaire de Jean-Luc Gantner | Atelier de Besançon | France | 1 janvier 2009 - Voir la vidéo

Dans ce documentaire Jean-Pierre Sergent dialogue avec Jean-Luc Gantner, dans son atelier de Besançon, au sujet de son travail et de ses multiples sources d'inspirations : Pensée Hindou, Tantrisme, Animisme, rituels & peintures Précolombiennes, énergie de la couleur, etc... Cette vidéo est réalisée par JLG, qui, avec une caméra vidéo de poche, a suivi les traces de la vie de l'artiste en 2008.

Jean-Luc Gantner est auteur et réalisateur de plusieurs films documentaires (en Lituanie, Afrique équatoriale, Maghreb, Himalaya, Iran...). Il est actuellement journaliste reporter à la rédaction de France 3 Franche-Comté et anime également le blog : LE JOURNAL DE NÉON.

Je suis pour ma part, le produit d’une éducation sceptique du point de vue des doctrines ou des églises quelles qu’elles soient. Point de sainte vierge pour défendre mon armada affective, ni aucun mandalas pour me retenir à l’intérieur du cercle de mes amours perdus… 
Cette sorte d’agnostique plutôt. Car j’ai tout de même croisé dans mes voyages, des ombres effrayantes et des parfums sublimes qui s’entremêlaient sans raison apparente, comme les étoiles et les comètes s’entrechoquent quelquefois ailleurs dans l’univers pour produire quelques poussières de couleurs magiques sur cette sorte de terre-là qui nous porte ensemble sans raison apparente.

Mayan Diary #4, acrylic silkscreen on plexiglass & tinted plexiglass, 2007

S’il m’est souvent arrivé d’avoir peur dans l’obscurité, je dois dire encore que c’est en raison plutôt des hommes et de leurs mœurs fâcheuses qu’à cause d’une somme de courants d’air occultes. Voilà pour être tout à fait loyal envers vous avant d’en arriver à mon compte, et pour être quitte de nos itinéraires métaphysiques respectifs.

À vrai dire, je ne sais plus précisément où et quand j’ai rencontré Jean-Pierre Sergent la première fois, mais le détail n’a en fait aucune espèce d’importance à l’échelle des temps cosmologiques dont nous parlons. Disons qu’une sorte d’institution officielle de la culture m’avait conseillé l’obscure démarche sur la pointe des pieds et l’affaire aurait pu s’arrêter là. On ne sait jamais vraiment de quelle façon exacte un enchaînement de circonstances finit par s’imposer comme une forme de bonne fortune pour l’esprit ? Voilà peut-être l’Axis Mundi qui précipita cette première rencontre. Juste une somme de coïncidences… « Un cataclysme ».

Je crois que l’on a d’abord parlé de Bacon… Où alors nous aurions dû. Bacon… « Ni une narration, et encore moins de l’illustration » disait Maurice Tourigny (1). Juste une confrontation des affects dans l’idée d’un terrible accident de parcours. Bacon, comme un récepteur du temps qui passe, « terrible ». Ce « résultat » d’une somme de hasards, et de leurs corolaires intimes obsédants.

Jean-Pierre Sergent, cet artiste qui débarquait de New York quelques heures plus tôt tentait de me convaincre d’un tas de puissances démiurgiques qui coloraient la profondeur des mondes anciens. Un tas de formules magiques difficiles à admettre depuis mon espèce de promontoire occidental un peu figé. Moi qui préférait en général débattre de ce thème prolixe des baigneuses dans l’histoire de l’art ou de Guernica. Des annonciations au trecento ; Giotto bien sûr… et plus tard surtout Piero della Francesca. D’un déjeuner sur l’herbe qui pu faire scandale en son temps ou cette ignoble Hallali de Courbet dont il me semble que tout le monde veuille avoir son petit mot à son propos. Cette Aphrodite de Cnide de Praxitèle bien sûr, ou un dialogue tout aussi convenable entre une Pietà de Villeneuve et une nymphe de Titien. Ce « style » des christ d’or et d’argent byzantin ; ces Madones romanes ; les escarpements gothiques. Le génie de Daumier. En vrac, Rembrandt, Caravage, Rubens, Velasquez ou Manet. Mon admiration pour Baudelaire ou Mallarmé si l’on avait parlé de poésie d’emblée. Tout ce qui compose et ordonne la consistance de nos colloques académiques de ce côté du monde, nos schémas… L’exégèse et l’herméneutique… Nos manières exécrables de nous parler de haut, sûrs de nous et débarrassés de nos fibres ardentes. « On n’y voit rien » disait le critique Daniel Arasse. Et les musées même… leur profusion insensée, continuent de nous rendre aveugle aux effleurements sensibles qui transcendent les siècles.


Large Paper #20, JP Sergent, July 2010Ce peintre… ancien éleveur de chevaux dans le Haut Doubs avant de faire le choix d’aller visiter les indiens navajos dans les réserves de l’Arizona au lieu d’un destin figé dans sa Comté post agricole. Ceux de l’Utah ou du nouveaux Mexique, qu’avant lui Pollock avait côtoyé sous l’emprise de quelques drogues autochtones séculaires. Un shoot magnifique pour la scène mondiale de l’art moderne.

Pollock, Lichtenstein, Rosenquist, Jasper Johns ou Rauschenberg… La conversation s’est installée comme ça, sur le ton d’un dialogue sidéral à propos des traces que les Hommes laissent, de leurs traces et de leur altérité dans la nuit infinie. L’idée d’une interview nous est venue bien plus tard alors que l’on travaillait ensemble sur le projet d’un premier film. Quelques questions lancées dans le vide comme Jean-Pierre peint aussi dans l’esprit d’une forme de langage des signes intuitif. Une interview dans le genre de ces bavardages amicaux à partir d’un grand livre d’art posé sur sa table de travail. Cette sorte de muséographie imaginaire dont Malraux parlait, mais du point de vue des pôles inversés.

D’abord cette Khajurâho indienne au lieu d’une Athéna de Phidias. Oui, d’abord ce Çiva d’Ellorâ, ce masque africain ou tordu des chamans esquimaux ou ce Chevalier-Aigle de Mexico… Comme sujet principal de toutes nos métamorphoses au lieu d’une nuit mortelle dans un Louvre glacial. Jean-Pierre Sergent riait aux scènes un peu crues rapportées sur la pierre sacrée d’un monde disparu. Des scènes de fécondité débordante et d’amour joyeux entre les hommes, les femmes et leurs rythmes naturels ensevelis. Le travail, ou plutôt la production de ces autres « grands maîtres de l’irréel » et de leur paradis perdu. Je revoyais un à un ces chevaux bruns des grottes de Lascaux nous dépasser dans un éclair foudroyant, ces figures stylisées au verbe oublié sous la cohorte de nos gisants chrétiens (un langage de plomb contre la chronique aérienne des ciels sumériens ou aztèques). La beauté des gravures rupestres de Tamun en Litsleby. Le génie insoluble du Codex de Madrid… Oui, nous avons beaucoup parlé, mais aussi beaucoup ri ce jour-là à propos des corps et des organes ingurgités dans la couleur céleste. Des scènes érotiques sans tabou. Des corps-signes, des corps-fleurs, des corps-dieux de toutes sortes et leurs postures phénoménales dans la jouissance extatique. Une multitude de thème « pornographiques » dans les critères sordides de nos conventions sociales dégénérées. Je lui ai dit les difficultés qu’il risquerait de rencontrer dans un de ces petits villages de l’Est de la France où il revenait s’installer, face à l’opinion et au jugement de valeurs. L’aveuglement des foules dans la promiscuité des figures de style standardisées… La politique molle de l’idéal humain en cette étrange affaire d’un monde moderne tout accaparé par la litanie de son déclin annoncé. Un genre de discours que ce « new-yorkais » entendait bien sûr… mais l’artiste lui, s’est mis a sourire un peu en pensant à cette sorte de tapage qu’il déclencherait peut-être à la porte des institutions françaises et qui risqueraient dès lors de lui rester fermées à jamais. On a parlé de Michelet et puis de Ferdinand de Saussure, de Levi Strauss, du docteur Freud et d’un tas de formules secrètes contenues dans les écritures saintes. Des gestes et des réseaux, des symboles… de tout de ce qui fait encore sens dans le grand espace pétrifié ; des feux follets qui le transpercent pour nous ranimer. On s’est revus quelques jours plus tard pour parler du vide aussi. De la théorie du chaos, de la phénoménologie de Bergson et du peuple Maya. De l’art sacré et de sa forme naturellement sexuée avant que tout ne disparaisse dans un grand branle-bas punitif judéo-chrétien.

Mayan Diary, 2009, acrylic silkscreen on plexiglass & tinted plexiglassC’est-à-dire que l’homme depuis est devenu mon ami, mais son « mur de lumière » continue de me subjuguer. Sa matrice. Son Iliade… de Plexiglass. Une fournaise de signes incandescents rapportés d’un voyage transatlantique qui a réussi à me transporter moi aussi ; comme chaque voyage à la charge de nous ouvrir un peu les yeux dans l’obscurité récurrente. Car comment vous dire qu’au lieu de cet l’Aurige de Delphe, je préfère aujourd’hui le « maniérisme » cosmique des fresques d’Ajantâ, ou pire encore… cette peinture de Jean-Pierre Sergent qui s’adresse au corps, à notre anatomie particulaire, plus qu’à la raison logique, et dégagée de tout arbitraire « convenable » comme ces Sabbat de femmes, divines… même lorsqu’elles sont « attachées » sur leur lit de vinyle, retenues prisonnières entre leurs parois faites de surimpressions énergétiques aléatoires. Des juxtapositions magiques de principes actifs hyper sensuels où la culture archaïque côtoie le pire manga ; la bande dessinée et la caricature pornographique. Comme au temps où les messages des rois scythes parvenaient à Darius sous une forme qui pouvait prêter à la controverse, les signes « muets » utilisés par accumulation dans l’œuvre de JP Sergent peuvent d’abord prêter à l’équivoque. Une œuvre qui en dit pourtant bien plus long que tout ce que nous pourrions nous écrire d’un peu intelligible dans le but d’apprendre à nous connaître nous-mêmes. Des signes millénaires chargés d’une énergie propre dont les conventions graphiques peuvent nous échapper un instant, mais dont la puissance naturelle de chacun d’entre eux, accouplés dans cette sorte de symbiose hallucinante, couche après couche… révèle la possibilité d’une figure d’amour rituel qui frappe d’emblée notre imagination. Entrer dans l’univers de Jean-Pierre Sergent, c’est accepter de pénétrer un espace sacré. Une expérience sensible aux limites de l’Aube de notre humanité. Mais que je vous avoue maintenant, après quelques préliminaires consommés entre nous. Oui, que je vous dise la stricte vérité sur ce Jean-Pierre Sergent. L’homme est un chaman… Un « technicien » du sacré… Il a vu des fleuves de sang couler dans le pistil des fleurs de Jade et des tigres blancs remonter aux sources de feu par la voie du Nirvana. Un sage et son tambour de rêves qui parle aux attelages mythiques et aux abeilles des ruches séculaires. Le gardien… de la forêt d’Aphrodite et d’Ishtar. Il a vu en rêve les jeunes filles prises par les hommes de l’île de Goulburn. Les jeunes filles qui poussent des cris de douleur à cause de leurs longs pénis. Les jeunes filles de la tribu Nagara… Les hommes de l’île de Goulburn éjaculant leur semence dans le corps des jeunes Burara… Celles qui sont toujours là, couchées sur le dos, étendues parmi les feuillages de la palmeraie, au lieu dit des Nuages immobiles, où se lèvent les nuages de l’ouest (2).
Voilà la vérité vraie et comme j’ai pu moi-même tout vérifier sans rien tenter de vous cacher.

1- Maurice Tourigny. Francis Bacon : le hasard et l’odeur de la mort
Vie des Arts, Volume 35, numéro 139, juin-été 1990, p. 16-19
2- Cycle de l’île de Goulburn - Poésie du peuple de la Terre d’Arnhem (Australie)
in Les Techniciens du sacré - Anthologie de Jerome Rothenberg / Éditions José Corti


Insolation et Autres Puissances Symboliques | Film documentaire de Jean-Luc Gantner | Salle des Iles Basses | Ornans | France | 1 décembre 2008 - Voir la vidéo

Documentaire réalisé par le cinéaste Jean-Luc Gantner qui a suivi le parcours artistique de Jean-Pierre sur plusieurs mois durant l'année 2008. Filmé en grande partie à l'exposition Mayan Diary 24, une grande installation murale de peintures sur Plexiglas dans la salle des Iles Basses, à Ormans.

Lieux filmés :
- 06/28, Ouverture d'atelier à Besançon, France.
- 07/21, Impressions sérigraphiques à l'atleiier.
- 09/15, installation murale Mayan Diary 24 (8,40 x 3,15 m), à la Salle des Iles Basses, Ornans, France
- 11/7, Réalisation  d'une pièce monumentale, sérigraphie sur Plexiglas Gribouillis, Bondage et Géométrie Sacrée, 1,50 x 3m, à l’entreprise Mignotgraphie pour l'exposition à la Galerie du Pavé dans la marre, Besançon.

- « Je préfère Pollock… Les indiens d’Amérique et Jackson Pollock ». Sa façon qu’il eut de « peindre » à plat sur le sol (ses drippings) et sa fascination pour les arts amérindiens. Je crois que la conversation s’est installée comme ça, à propos des traces laissées sur le sable par les indiens navajos, et des civilisations aztèques ou mayas. Jean-pierre rentrait d’un voyage à New-York. C’était l’automne et il me racontait la lumière du soir sur Hudson river, toute l’énergie qui se dégageait derrière les briques du quartier des galeries entre la 28e et la 29e rue à l’aplomb de l’Empire State Building. L’artiste avait eu un studio à Chelsea pendant des années. Une grande partie de sa production provient de cette « époque américaine ». Mayan Diary, un travail de sérigraphie sur plexiglass. De la matière plastique pour communier avec la nature et les lumières d’outre-tombe. C’est Léo Castelli qui lui donne ses premiers tuyaux. Le galeriste est le découvreur de Robert Rauschenberg, de Twombly, de Jasper Johns… Castelli, le plus grand marchand d’art du monde, un des principaux initiateurs de l’expressionnisme abstrait américain, le promoteur du pop art (Warhol, Lichtenchtein, Judd ou Rosenquist…) « Il m’a appris le métier d’artiste. C’est-à-dire la manière de se vendre, d’être dans le business pour continuer de créer sans être obligé de crever de faim. Tout le contraire de ce qu’on m’avait appris en France ». Jean-Pierre me parlait de ce moment où après être sorti de l’école des Beaux-arts, les chevaux lui avaient d’abord permis de vivre en attendant de vendre ses premiers tableaux (un élevage de chevaux… américains dans le Haut-Doubs).

"MAYAN DIARY #9", ACRYLIC SILKSCREEN ON PLEXIGLASS & TINTED PLEXIGLASS, 2007, 55"X55"« Je suis parti à Toronto pour me rapprocher d’une galerie. La première à m’avoir vraiment aidé ». Le Canada… et puis New-York. Des expositions à Harlem, à Manhattan... Pour le reste, je n’en sais rien ou autant dire, pas grand-chose. C’est-à-dire aussi que je ne suis pas homme à fouiner dans le curriculum des gens que je rencontre pour la première fois. New-York, Manhattan, Castelli, Rauschenberg, Andy Warhol… J’avais déjà pas mal à faire avec le décor. On parlait avec un mur de feu érigé derrière nous. Une fresque de facture « mexicaine »… ou pour être tout à fait précis, une réunion de forces cosmiques dirigées par Wak-Chan-Ahaw, le dieu maya du maïs. L’installation d’une vingtaine d’œuvres sérielles aux couleurs d’une large gamme de sirop (pardonnez ma digression). Une confiserie « spirituelle » dressée comme un totem moderne sur l’hôtel de quelques mondes anciens. L’homme, l’éleveur de chevaux à ses débuts, avait commencé par l’abstraction pour s’en défaire complètement face à la puissance du soleil et à l’esthétique de la pluie. Car voilà, la peinture de Sergent ne raconte rien (au sens d’un tableau occidental agonisant du XVIIIe siècle, j'entends !) mais amplifie plutôt une vitalité naturelle « surhumaine ». Tout le contraire d’un Goya par exemple (ce cri d’angoisse d’un homme abandonné des dieux, disait Malraux à propos du peintre de Saturne ou du Trois Mai). Courbet plutôt. Oui, une « représentation » de Courbet ... mieux qu’un vieux « récit » de salon. Ou alors Manet, voilà, juste de la couleur ; allons pour Manet et on en parle plus. Disons pour aller au plus simple : tout sauf de la fiction. Ou pour finir sur ce thème de la facture… et pour revenir un instant sur Pollock… Pas une manière, un style, pour proposer une image de la nature, mais la nature elle-même.

"BONDAGE AND FREEDOM", ACRYLIC SILKSCREEN ON PAPER 2003À dire vrai, le travail de Sergent a plus à voir avec cette matière d’un Giotto, les fabricants d’apparitions du quattrocento. Ceux-là mêmes qui transigeaient avec les transparences du ciel par le truchement de vieilles vérités antiques restaurées. Car voilà que nous y sommes enfin. Sergent… le chaman. Un initié à la démiurgie « primitive », aux obsessions des sociétés archaïques. Son œuvre fait appel à ces forces oubliées du mandala, de l’axis mundi et des mondes souterrains, cette vibration du cosmos tout entier… Des strates fécondes, qui s’interpénètrent comme des sexes à l’heure de la transfiguration. Chaque typon insolé, chaque couche de couleur tirée l’une par-dessus l’autre sur le papier ou la plaque de verre synthétique… élabore un élément alchimique, indivisible de la conjonction finale. Et je n’aurai encore rien dit sur le point des mille variations atomiques de ces images hallucinantes (ces hallucinations), leurs pouvoirs brillants ; sans avoir évoqué la trajectoire, nette, qui s’impose d’emblée entre l’art pornographique occidental et les tribulations du panthéon inuit, sibérien, japonais ou précolombien. Des variations harmoniques autour de l'instrument amoureux, et permettez-moi alors de convoquer le verrou de Fragonard ou cette Origine du monde de Gustave Courbet à la table des métamorphoses, sexuellement notables. Chez sergent, les corps de femmes sont plombés d’idoles chamaniques jubilatoires. Une représentation sexuée du monde sensible qui nous relie les uns aux autres par le biais d’une sorte de pureté des sens originelle. Un monde « d’avant l’architecture ». L’œuvre est une forme d’archéologie des forces invisibles, une accumulation d’instincts sur le mode d’un raisonnement sacré. De la peinture comme de l’énergie pure ; une pulsion sensuelle, oui, sexuelle… pour aller jusqu’au bout de l’affaire. « Un jaillissement de la libido » proclame Sergent. Oui, pour être tout à fait clair « seul le corps a raison ».

"MAYAN DIARY #12", ACRYLIC SILKSCREEN ON PLEXIGLASS & TINTED PLEXIGLASS, 2007, 55"X55"Prenez cette muse au ton dominant rose clair Mayan Diary #12 par exemple… La jeune femme est attachée, menottée selon le rite japonais du Kinbaku/Shibari. L’image est vue d’en haut et percée de phylactères masqués, illisibles dans leur totalité… une offrande peut-être, ou un sacrifice sous une couche d’aigles légendaires dessinés comme des calices ailés, des rôdeurs célestes (comprenez ici l’objet comme l’expression la plus répandue qui s’y rattache : ce calice à boire jusqu’à la lie… et rajoutez ce thème de la souffrance et de l’humiliation comme un code source applicable à l’ensemble. (Nous avons beaucoup parlé à propos de ce point précis d’une expérience de la douleur et de l’idée d’une pratique sexuelle « humiliante » imposée au corps. Jean-Pierre n’était pas forcément d’accord avec cette première traduction sans pour autant m’imposer de changer de point de vue sur son œuvre. « Cet instant magique où la souffrance ultime se transforme en Océan de plaisir » écrit l’artiste à new York en 2002. Finalement, nous nous sommes arrêtés sur une interprétation commune d’un regard occidental asphyxié par toute une machinerie profane, hermétique de la vision. Point de calice aérien alors, comme j’avais cru le voir rapidement, mais « un hôtel de flammes sacrées » explique Sergent. La braise ardente insinuée entre les cuisses d’un corps de femme supplicié selon son propre souhait. Le feu rituel d’une église archaïque suspendu à des cordes d’amour. Un four des forges féminines, et la combustion de son enveloppe grossière ; le moteur d’une régénération périodique. Un feu fécondant et purificateur superposé à l’acte d’extase physique le plus déroutant. Voilà plus sérieusement ce qu’il faudrait voir sur les Bondages de Sergent et je n’étais plus sûr de rien !) Mon interlocuteur me fit remarquer que je ne voyais qu’avec mes yeux, et je mesurais l’effort considérable qu’il me faudrait alors faire pour gagner les hauteurs considérables du brasier sans me défaire complètement de mes a priori.

Il restait à terminer le voyage initiatique avec cette Mayan Diary #12... Oui, terminer le voyage par le commencement ; par la première couche de pigments visibles si vous préférez. Remarquez alors une mire quasi militaire. Des pointeurs industriels répartis sur le corps de cette Vénus, finalement plus sûre d’elle-même que je ne le pensais. Le verre dépoli d’un appareil d’architecte, un géoplan, le viseur d'une caméra reflex. Un dispositif de croix ajustées comme pour indiquer les quatre directions et leur centre. Le crux latin (celui du tourmenteur), les croix de Krishna, celles des incas taillées dans les éclats du jaspe. La croix… omnisciente, universelle. L’ensemble, l’œuvre ainsi « réunie »… est à raisonner comme un lieu de méditation, une caverne sacrée, mais entièrement ouverte sur le monde moderne.

"MAYA #6", ACRYLIC SILKSCREEN ON PLEXIGLASS, 2002, 55"X55"L’extase ou la mort ? Telle peut être la question posée par l’œuvre monumentale de Sergent ; ou bien comprenez la conjugaison des deux, dans une forme d’équilibre des masses passagères… là se cache peut-être la matrice de l’ancien calendrier maya. Une peur du vide ancestrale et la couleur de la terre pour se raccrocher aux astres. Une véritable insolation.
Jean-Luc GANTNER

Pour conclure, Jean-pierre Sergent tenait à publier ce texte écrit à New York en 2002. L'artiste évoque ici la beauté. "La beauté connue en France uniquement comme valeur esthétique bourgeoise et non comme une énergie cosmique, dont nous avons peut être oublié de parler dans le film", m'écrivait-t-il.

 

 

BEAUTY IS ENERGY 
"With beauty may I walk" The Night Navajo Chant
Avant que l'argent en inscrivant le temps dans l'histoire ne nous dépossède dramatiquement de notre plénitude, la beauté était en harmonie avec notre temps intérieur comme un organe, une aura, une harmonie cosmique.
C'est cette liberté qu'il nous appartient de retrouver dans le temps universel, le temps des abeilles aux rayures jaunes et noirs, des fourmis rouges, des coccinelles rouges à points noirs qui parlent aux ancêtres, des scarabées dorés messagers des Dieux, des oiseaux du paradis et des fleurs à l'exubérante sensualité.
L'Homme avait compris cela empiriquement en imitant la Nature qui c'était faite belle et désirable pour survivre l'éternité.
La beauté est une force vitale au même titre que la libido, le seul espoir de survie dans un monde violent et chaotique. Plus qu'une notion esthétique c'est une force spirituelle, un lien tangible pour communiquer avec les esprits des mondes visibles et invisibles. 
Ainsi chaque feuille d'arbre est un champs d'amour silencieux qu'il nous faut chaque jour réapprendre à écouter. 
Jean-Pierre SERGENT, New York, juillet 2002

Jean-Luc Gantner, auteur réalisateur de plusieurs films documentaires (en Lituanie, Afrique équatoriale, Maghreb, Himalaya, Iran...). Journaliste reporter de télévision, il a notamment travaillé sur Les nouveaux mondes / France 2 ; Envoyé spécial / France 2 ; Metropolis / Arte ; Thema / Arte ; Le magazine du sénat / France 3. Employé aujourd'hui comme reporter au service de la rédaction de France 3 Franche-Comté, il anime également un blog sur le net: LE JOURNAL DE NÉON.