NOTES BESANÇON [2025], EXTRAITS, FLORILÈGES & MORCEAUX CHOISIS
NOTES BESANÇON 2025
Je commence à écrire cette page, en février 2025 seulement car je suis très occupé par l'organisation et la communication pour une nouvelle exposition à la galerie Keller, que mon amie Heidi Suter, vient d'ouvrir au Centre Ville de Besançon. Bien que je lise toujours autant, je n'ai pas pu, malheureusement, prendre le temps de scanner les nouveaux passages des livres lus l'an dernier et je ne sais pas, quand je pourrai à nouveau prendre ce temps là. En attendant, voici quelques petits passages d'extraits trouvés dans les livres lus ou ailleurs,
Bien cordialement,
Jean-Pierre Sergent, Besançon, le 11 février 2025
– POÉSIE : LE TEMPS QUI PASSE, ANDRÉ GIDE
Le temps s’est écoulé comme une rivière , je ne l’ai pas vu passer ! Je viens de compter mes années et j’ai découvert qu’à partir de maintenant, j’ai moins de temps à vivre que ce que j’ai vécu jusqu’à présent… Je me sens comme ce petit enfant qui avait gagné un paquet de bonbons : le premier, il le mangea avec plaisir mais quand il s’aperçut qu’il ne lui en restait que très peu, il commença réellement à les savourer profondément ! Je n’ai plus de temps pour supporter des gens stupides qui, malgré leur âge chronologique, n’ont pas grandi. Je n’ai plus de temps pour faire face à la médiocrité, la méchanceté gratuite, la perversité. Je veux vivre à côté de gens humains, très humains. Qui savent rire de leurs erreurs… Qui ne se sentent pas élus avant l’heure et qui ne fuient pas leurs responsabilités. Qui défendent la dignité humaine et qui veulent marcher à côté de la vérité et l’honnêteté. L’essentiel est ce que tu fais pour que la vie en vaille la peine… Je veux m’entourer de gens qui peuvent toucher le cœur des autres… Des gens à qui les coups durs de la vie leurs ont appris à grandir avec de la douceur dans l’âme. Oui… je suis pressée de vivre avec l’intensité que la maturité et la bienveillance peuvent m’apporter. J’ai l’intention de ne pas perdre une seule partie des friandises qu’il me reste… Je suis sûr qu’elles seront autant, sinon plus exquises que toutes celles que j’ai mangées jusqu’à présent - personne n’y échappe riche, pauvre intelligent, démuni…!!!!!!
– LIVRE : VISION ET PRIÈRE, DYLAN THOMAS
Ma note manuscrite écrite sur la première page de ce superbe livre : "Je cherche des points de correspondance pour relier les extrémités des multiples Univers…" (livre à scanner bientôt !)
La description d'une pensée ou d'une action - aussi abstruse soit-elle - peut être rendue familière en la rapportant au niveau physique. Toute idée intuitive ou intellectuelle peut être imagée et traduite en termes de corps - chair, peau, sang, muscles, veines, glandes, organes, cellules ou sens. Lettres choisies P. 141
– INTERVIEW : LE PROPHÉTISME D'ALDOUS HUXLEY : "JE SUIS ASSEZ TERRIFIÉ DE VOIR MES PROPHÉTIES RÉALISÉES", 1961, LES NUITS DE FRANCE CULTURE
- Aldous Huxley : Et je dois dire que quand je vois des enfants figés devant un écran de télévision, j'ai eu une impression horrible de gens qui ont une addiction, exactement comme une addiction à l'opium.
Journaliste : Philosophiquement, Vous êtes individualiste alors ?
- A.H. : Oui, par nécessité.
- J. : Par nécessité ?
- A.H. : Par nécessité mais après tout, même si on est non individualiste, si on s'intéresse à la société mais, quelle est la valeur d'une société composée d'individus nuls? C'est là le danger que nous pouvons faire avec une espèce de compresseur, éliminer les idiosyncrasies individuelles, pour créer quoi ? Une société peut-être stable, mais même ça, j'en doute mais, une société stable mais complètement inintéressante et sans valeurs. Après tout, les valeurs sont nécessairement dans l'individu.
- J. : Vous avez fait une critique assez sévère de la télévision comme moyen de communication et de nivellement justement des personnes. Est ce que vous croyez que ce moyen de communication contribue à baisser, disons, le niveau de liberté ou d'individualisme ?
- A.H. : En général, je trouve oui ; je vois assez rarement la télévision mais je trouve que la plupart des programmes sont au fond purement des distractions. Ils font que les gens ne font pas attention, ne font pas attention aux choses importantes, mais seulement à ces espèces de fictions assez idiotes.
– REMARQUES DE PAUL DIRAC SUR DIEU ET LA RELIGION (1927)
Si nous sommes honnêtes - et les scientifiques doivent l'être - nous devons admettre que la religion est un amalgame d'affirmations fausses, sans fondement dans la réalité. L'idée même de Dieu est un produit de l'imagination humaine. Il est tout à fait compréhensible que les peuples primitifs, qui étaient tellement plus exposés aux forces écrasantes de la nature que nous ne le sommes aujourd'hui, aient personnifié ces forces dans la crainte et le tremblement. Mais aujourd'hui, alors que nous comprenons tant de processus naturels, nous n'avons plus besoin de telles solutions. Je ne vois pas du tout en quoi le postulat d'un Dieu tout-puissant nous aide. Ce que je vois, c'est que ce postulat conduit à des questions aussi improductives que celle de savoir pourquoi Dieu permet autant de misère et d'injustice, l'exploitation des pauvres par les riches et toutes les autres horreurs qu'il aurait pu empêcher. Si la religion est encore enseignée, ce n'est nullement parce que ses idées nous convainquent encore mais simplement, parce que certains d'entre nous veulent garder les classes inférieures tranquilles. Les gens soumis sont beaucoup plus faciles à gouverner que les gens bruyants et mécontents. Ils sont également beaucoup plus faciles à exploiter. La religion est une sorte d'opium qui permet à une nation de se bercer de rêves et d'oublier les injustices commises à l'encontre du peuple. D'où l'alliance étroite entre les deux grandes forces politiques que sont l'État et l'Église. Toutes deux ont besoin de l'illusion qu'un Dieu bienveillant récompense - au ciel, sinon sur terre - tous ceux qui ne se sont pas insurgés contre l'injustice, qui ont fait leur devoir tranquillement et sans se plaindre. C'est précisément la raison pour laquelle l'affirmation honnête que Dieu est un simple produit de l'imagination humaine est considérée comme le pire de tous les péchés mortels.
Extrait d'une lettre récente à un ami : C’est la vie d’artiste mon cher ami, c’est beau mais c’est triste ! Et on a parfois l’impression, que même le Soleil est triste et noir pour les artistes, bien que nous soyons, de facto, au centre de ce même Soleil et rayonnons malgré nous !
– À PROPOS DE WILLIAM BLAKE PAR KATHLEEN RAINE
Davantage qu'à ses dons de prophète, de peintre, de poète, de graveur et même, dit-on, de compositeur, c'est à l'extrême richesse de son être que William Blake doit sa nature exceptionnelle car, ce qu'il fut, représente bien plus que ce qu'il réalisa. Rares sont les créateurs qui parviennent à élaborer un Monde ayant sa réalité, sa cohérence et son atmosphère propres. Shakespeare, Dante, Dürer, tout comme Fra Angelico, Claude Lorrain et Michel-Ange, les peintres favoris de Blake, nous ont ainsi offert ces fragments d'Univers qui est l'un des plaisirs inhérents à cette forme d'art. Blake était l'un de ces créateurs et son œuvre, ainsi qu'il le pensait, représente des « fragments d'éternité » perçus par une imagination de visionnaire. Il parle également d' « Images éternelles » que « l'Oeil imaginatif de chacun peut saisir selon la position qu'il occupe », qui constituent un univers collectif et archétypique qui nous paraît plus vraisemblable aujourd'hui que de son temps. « Comme tout le reste, cet univers revêt des aspects qui diffèrent selon les individus. » C'est à un niveau plus profond que l'expérience personnelle du peintre ou du poète qu'il faut chercher les racines de cet Art, qui fait écho à une même profondeur chez le spectateur. Ainsi s'explique, en surface, « l'obscurité » de l'art visionnaire et, en profondeur, sa luminosité.
– INTERVIEW PIERRE MICHON AU SUJET DE SON LIVRE : "J'ÉCRIS L'ILIADE", LA GRANDE LIBRAIRIE AVEC AUGUSTIN TRAPENARD LE 12 FEVRIER 2025
« - AUGUSTIN TRAPENARD : Parce que votre livre, il ne parle que de ça, au fond, il ne parle que de désir et d'écriture. De jouissance jusqu'à l'orgasme ?
- PIERRE MICHON : Oui. Qu'est ce que le langage humain ? En quoi il le rend supérieur aux autres ? C'est qu'il le rend conscient de deux choses : la mort et le désir. Et l'homme, par ses facultés intellectuelles, a développé de façon délirante l'activité sexuelle. Aucun animal n'est obsédé par la jouissance comme nous le sommes, nous autres humains. »
– ARTICLE : ARCHÉOLOGIE - L'HISTOIRE À LA GLOIRE DE L'HELLÉNISME (MELBOURNE’S HELLENIC MUSEUM, AUSTRALIE) LE 18 FÉVRIER 2025
Les vêtements des femmes minoennes surprennent par leur style et la variété des motifs. Les femmes grecques des époques ultérieures portaient des vêtements aux solutions stylistiques complètement différentes. La poitrine exposée était un trait caractéristique de la tenue des femmes minoennes et mycéniennes. La nudité, partielle ou totale, était courante dans la Méditerranée de l'âge du bronze - il suffit de jeter un coup d'œil à l'art égyptien, par exemple. À cette époque, le corps humain n'était tout simplement pas associé à la honte, comme ce fut le cas dans les cultures et les religions ultérieures. Mais lorsque les prêtresses de l'ancienne Crète dénudaient leurs seins dans le cadre d'un rituel, cet acte avait peut-être aussi une signification plus profonde. Nous pensons qu'il avait pour but de rappeler à tous le rôle que jouent les mères humaines et animales dans l'éducation et l'alimentation de leur progéniture et donc la façon dont la Grande Mère nous nourrit tous. Pensez, par exemple, à la Voie lactée, cette traînée blanche et pâle qui traverse le ciel et qui est visible pour ceux d'entre nous qui ont la chance de ne pas être coincés dans des zones polluées par la lumière. De nombreuses cultures anciennes, dont les Minoens, croyaient que la Voie lactée s'était formée lorsque le lait de la Grande Mère avait jailli en réponse aux pleurs de son bébé (ce qui arrive réellement aux mères qui allaitent, avec les résultats prévisibles de vêtements détrempés). En Crète, la Grande Mère était Rhéa et son bébé était le dieu Dionysos.
– INTERVIEW TV : PATRICK CHAMOISEAU "QUE PEUT LITTÉRATURE QUAND ELLE NE PEUT ?" LA GRANDE LIBRAIRIE, 19 FÉVRIER 2025
"l'état poétique" comme force de résistance face aux puissances de domination.
Toutes les formes de domination portent atteinte à la créativité de l'Homme. Pourquoi ? Parce que toutes les formes de domination déshumanisent et réduisent l'Homme au prosaïque, c'est à dire, mon manger, mon boire, ma survie, etc. Et quand on est limité au prosaïque, on devient pratiquement quelque chose d'inerte, on n'a plus la force de l'esprit et de la créativité. Le poème est une stimulation esthétique, qui vous touche la totalité de la perception, qui vous modifie les amplitudes de votre imagination et qui libère votre imaginaire. Et qu'est ce que ça fait ? Ça vous met dans un état poétique. On quitte le côté prosaïque et on bascule, dans ce qui fait l'humain, qui est la dimension poétique de l'humain. C'est l'amour. L'amour, c'est l'amitié. C'est quoi l'amour ? L'amour, c'est une stimulation existentielle majeure. Quand on tombe amoureux, on a une amplitude à la fois du corps et de l'esprit, de la perception, de l'audition. On est ouvert à la totalité du Monde. Et si à ce moment là, on écoute un poème, on reçoit un poème, il y a une déflagration absolument incroyable qui amplifie votre amour. Alors, vous comprenez ce que je dis fondamentalement, contre les dominations, développons l'état poétique et pour développer son état poétique, il faut augmenter les stimulations esthétiques et artistiques. Les politiques culturelles sont les plus importantes aujourd'hui. Chaque fois que le capitalisme et chaque fois que ce genre de monstres apparaissent comme ça dans nos démocraties, il ne faut pas les laisser réduire les politiques culturelles. Parce que quand les politiques culturelles se réduisent, l'état poétique général va s'abaisser, la créativité va disparaître et on ne va plus exister, On va peut être résister, mais résister, c'est prosaïque. Exister, c'est au delà de la résistance, c'est à dire qu'on s'ouvre dans ce qu'il y a de plus puissant dans l'humanité.
– LIVRE : MÉMOIRES D'HADRIEN, MARGUERITE YOURCENAR
Je ne méprise pas les hommes. Si je le faisais, je n'aurais aucun droit, ni aucune raison, d'essayer de les gouverner. Je les sais vains, ignorants, avides, inquiets, capables de presque tout pour réussir, pour se faire valoir, même à leurs propres yeux, ou tout simplement pour éviter de souffrir. Je le sais : je suis comme eux, du moins par moment ou j'aurais pu l'être. Entre autrui et moi, les différences que j'aperçois sont trop négligeables pour compter dans l'addition finale. Je m'efforce donc que mon attitude soit aussi éloignée de la froide supériorité du philosophe que l'arrogance du César. Les plus opaques des hommes ne sont pas sans lueurs : cet assassin joue proprement de la flûte ; ce contremaître déchirant à coups de fouet le dos des esclaves est peut-être un bon fils ; cet idiot partagerait avec moi son dernier morceau de pain. Et il y en a peu auxquels on ne puisse apprendre convenablement quelque chose. Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas et de négliger de cultiver celles qu'il possède.
– ÉMISSION TV : DEUX FRANCE IRRÉCONCILIABLES : "MÉTROPOLIA ET PÉRIPHÉRIA" DE CHRISTOPHE GUILLUY, LE CLUB FIGARO IDÉE, MARS 2025
«Il y a un assèchement de la pensée en métropole. Les productions cinématographiques ou littéraires sont mauvaises parce qu’elles ne sont plus connectées à la multitude sociologique, ce qui faisait la richesse des œuvres de Balzac ou Dostoïevski»
La production culturelle à 'métropolia' devient très problématique. C'est à dire que quand vous regardez la question culturelle qui est vraiment un exemple fondamentale dans tout ça... Moi je vois, par exemple, un effondrement du cinéma, un effondrement, on pourrait dire aussi de la littérature. Tout ça n'est pas terrible quand on regarde les choses. Pourquoi ? Je crois qu'une société n'est viable que si elle est connectée à la multitude. Quand vous regardez la grande littérature d'hier, je parle très souvent de Dostoïevski mais on pourrait parler de Céline. C'est quoi ces grands auteurs ? Ce sont des gens qui pensent le Monde connecté. Dostoïevski, c'est une connexion infinie avec la paysannerie russe. Comment Céline construit son œuvre ? en faisant entrer dans son cabinet médical des gens ordinaires. Bref, cette connexion là, permet de produire les plus grandes œuvres et l'assèchement de la pensée, y compris universitaire, c'est exactement ça, ce sont des gens déconnectés, totalement, de ce qui est pour moi la sève des sociétés, c'est à dire des gens ordinaires et de la multitude, parce que c'est là que sont aussi les valeurs humaines. Et moi, dans ce genre de réflexion, à la Béliard, il y a vraiment quelque chose qui est de l'ordre d'un effondrement intellectuel et culturel, c'est à dire de l'incapacité à penser l'autre mais le vrai Autre, pas celui qu'on mythifie, parce que justement, le vrai autre, c'est celui qui vit dans cette autre planète.
– LIVRE : SI J'ÉTAIS DIEU, RENÉ BARJAVEL
Chaque individu croit qu'il sera heureux demain, s'il est plus riche, plus considéré, plus aimé, s'il change de partenaire sexuel, de voiture, de cravate ou de soutien gorge.
Le bonheur de demain n'existe pas. Le bonheur, c'est tout de suite ou jamais. Ce n'est pas organiser, enrichir, dorer, capitonner la vie mais savoir la goûter à tout instant. C'est la joie de vivre, quelles que soient l'organisation et les circonstances.
C'est la joie de boire l'univers par tous les sens, de goûter, sentir, entendre le soleil et la pluie, le vent et le sang, l'air dans les poumons, le sein dans la main, l'outil dans le poing, dans l'oeil le ciel et la marguerite.
Si tu ne sais pas que tu es vivant, tout cela tourne autour de toi sans que tu y goûtes, la vie te traverse sans que tu retiennes rien des joies ininterrompues qu'elle t'offre.
– LIVRE : LE SILENCE FOUDROYANT, LE SOUTRA DIAMANT, THICH NHAT HANH
5, LA NATURE SANS APPARENCE DES APPARENCES
Lorsque le Bouddha voit une rose, la reconnaît-il en tant que rose de la même façon que nous ? Bien sûr. Mais avant de dire que la rose est une rose, le Bouddha a vu que la rose n’était pas une rose. Il a vu qu’elle était composée d’éléments de non-rose et qu’il n’existait nulle démarcation claire entre la rose et ces éléments de non-rose. Lorsque nous percevons les choses, nous utilisons d’ordinaire, l’épée de la conceptualisation pour découper la réalité en pièces : « Cela est A et A ne peut être B, C ou D. » Mais lorsque A est perçu à la lumière d'une coémergence interdépendante, nous comprenons que A est fait de B, de C, de D et de chaque chose dans l’Univers. « A » ne peut jamais exister seul et par lui-même. P. 157
– ÉMISSION TÉLÉ : "À L’HEURE DES PRÉDATEURS, TOUT EST FAIT POUR NOUS CONVAINCRE QUE LE RETOUR DE LA FORCE EST INÉLUCTABLE." GIULIANO DA EMPOLI, LA GRANDE LIBRAIRIE, 9 MARS 2025
L'avantage de l'époque est que tout est dit. Partout dans le Monde, la quête du pouvoir redevient ce qu'elle a toujours été, une mêlée sanglante. Et l'idée même d'une logique, d'une limite à la logique de la force est désormais inconcevable. Nous sommes face à une apocalypse au sens premier du terme, non pas la fin du Monde mais sa révélation. Tout est explicite et sur la scène des masques de comédie, joue un texte de tragédie. Détourner le regard du spectacle est presque impossible. Mais à regarder la réalité en face, on risque d'être aveuglé par l'éclat d'images de plus en plus violentes qui se réfracte d'un écran à l'autre. Se confronter à la réalité aujourd'hui, c'est tomber dans un état de transe, devenir la proie d'une hypnose qui est la méthode du nouveau pouvoir pour installer son empire Face à l'hypnose. La littérature est un interrupteur. Le grain de sable qui empêche la machine d'accomplir son œuvre. Depuis toujours, les écrivains traversent la catastrophe future pour que nous n'ayons pas à le faire. La disparité des forces en présence est grande. Mais le véritable enjeu est de ne pas se laisser intimider par les éclairs et les coups de tonnerre des nouveaux enchanteurs. A l'heure des prédateurs, tout est fait pour nous convaincre que le retour de la force est inéluctable. Et pourtant, à chaque fois, la lecture d'un livre ouvre la voie à la possibilité d'un avenir différent. Ce qui nous arrive en fin de compte, ce n'est pas l'inévitable mais l'imprévisible. Annoncer l'avenir est toujours un acte de pouvoir mais imaginer des futurs alternatifs sera toujours un acte de liberté.
JPS : À propos de la population française qui est de facto actuellement composée, en 2025 de : 99% de connards et 1% d'abrutis ou pour utiliser un terme plus ancien, plus simple et plus approprié médicalement et plus globalement pour tout ce beau monde de : « CRÉTINS DES ALPES » !
– QUELQUES CONSEILS DU SAMOURAÏ MIYAMOTO MUSASHI (宮本 武蔵?), DE SON VRAI NOM SHINMEN BENNOSUKE (新免 辨助?), NÉ EN 1584 DANS LA PROVINCE DE MIMASAKA ET MORT LE 19 MAI 1645, MAÎTRE BUSHI, CALLIGRAPHE, PEINTRE ET PHILOSOPHE JAPONAIS.
« Dans mon analyse des lois des Deux sabres, je n'ai pas étayé mon exposé de maximes et principes empruntés au confucianisme ou au bouddhisme ; je n'ai pas non plus repris les anecdotes éculées car trop connues des adeptes des arts militaires. J'ai longuement médité sur toutes les voies et réalisations artistiques. Considérez cet effort comme une volonté de me conformer aux principes de l'Univers et aujourd'hui, je regrette vraiment de n'avoir pas été mieux compris.
Quand je me livre, en ce jour, à une critique du chemin que j'ai parcouru au long de mon existence, je suis tenté de me reprocher un investissement excessif dans les arts guerriers ; cela est certainement imputable à mon syndrome martial. J'ai recherché la gloire et il me semble que je lègue un patronyme empreint de notoriété à ce Monde instable. Aujourd'hui, toutefois, mes bras et jambes sont usés et je ne peux, sous le poids des années, que de me résoudre à cesser de dispenser moi-même l’enseignement de mon école. Aussi, il me semble, dans ces conditions, bien difficile d'envisager quelque projet ; je ne désire plus que m'isoler de la société et me retirer dans les montagnes en attendant sereinement la mort, ne fût-ce qu'un seul jour. Je vous sais gré de voir dans ces propos l'expression de ma requête. »
— Le 13 avril 1645. Miyamoto Musashi
Musashi médita longuement sur cet « affrontement ». C'est fort de cette expérience qu'il écrivit :
« Sans fixer votre esprit nulle part, frappez l'ennemi vite et avec détermination ».
Voilà qui nous donne une perspective différente du vers de Kamo no Chōmei — « Si le débit de la rivière est infini, l'eau qui s'écoule est en perpétuel mouvement », une lecture certainement très prisée du vieil anachorète.
À 60 ans, Musashi écrivit en quelque sorte son testament au travers du Traité des cinq roues. Deux ans plus tard, sentant sa fin approcher, il écrivait le Dokkōdō (La Voie à suivre seul) :
Ne pas contrevenir à la Voie immuable des Hommes.
Ne pas rechercher les plaisirs du corps.
Être impartial en tout.
Penser à soi légèrement, penser le Monde avec profondeur
Tout au long de la vie, se tenir loin de la luxure.
N'avoir aucun regret.
Ne pas jalouser autrui en bien ou en mal.
Ne pas être attristé par toutes séparations.
Ne pas se laisser aller aux complaintes ou aux rancunes vis-à-vis des autres ou de soi-même.
Ne pas se laisser guider par le désir amoureux.
N'avoir aucune préférence en toutes choses.
Ne pas rechercher son confort.
Ne pas rechercher les mets les plus fins afin de contenter son corps.
Ne pas s'entourer d'objets en vue de les utiliser dans un avenir lointain.
Ne pas laisser de fausses croyances guider nos actes.
Ne jamais être tenté par aucun objet autre que les armes qui sont utiles.
Avancer sans craindre la mort qui se dresse sur la Voie.
Ne pas chercher les richesses en vue de ses vieux jours.
Vénérer les bouddhas mais ne pas compter sur eux.
Abandonner son corps mais pas son honneur
Ne jamais abandonner la Voie de la tactique.
– LIVRE : LA PESENTEUR ET LA GRÂCE, SIMONE VEIL
C'est une faute que de désirer être compris avant de s'être élucidé soi-même à ses propres yeux. C'est rechercher des plaisirs dans l'amitié et non mérités. C'est quelque chose de plus corrupteur encore que l'amour. Tu vendrais ton âme pour l'amitié.
Apprends à repousser l'amitié ou plutôt le rêve de l'amitié. Désirer l'amitié est une grande faute.
L'amitié doit être une joie gratuite comme celle que donne l'Art, ou la Vie. Il faut la refuser pour être digne de la recevoir : elle est de l'ordre de la grâce (« Mon Dieu, éloignez-vous de moi... »). Elle est de ces choses qui sont données par surcroît. Tout rêve d'amitié mérite d'être brisé. Ce n'est pas par hasard que tu n'as jamais été aimée... Désirer échapper à la solitude est une lâcheté. L'amitié ne se recherche pas, ne se rêve pas, ne se désire pas ; elle s'exerce (c'est une vertu). Abolir toute cette marge de sentiment, impure et trouble. Schluss !
Ou plutôt (car il ne faut pas élaguer en soi avec trop de rigueur), tout ce qui, dans l'amitié, ne passe pas en échange effectifs doit passer en pensées réfléchies. Il est bien inutile de se passer de la vertu inspiratrice de l'amitié. Ce qui doit être sévèrement interdit, c'est de rêver aux jouissances du sentiment. C'est de la corruption. Et c'est aussi bête que de rêver à la musique ou à la peinture. L'amitié ne se laisse pas détacher de la réalité, pas plus que le beau. Elle constitue le miracle, comme le beau. À vingt-cinq ans, il est largement temps d'en finir radicalement avec l'adolescence...
— LE DISCOURS PUISSANT DE ROBERT DE NIRO AU MOMENT DE RECEVOIR SA PALME D'OR D'HONNEUR :"NOUS LUTTONS D'ARRACHE-PIED POUR DÉFENDRE LA DÉMOCRATIE." CANNES LE 13 MAI 2025
Nous acteurs, sommes fiers que comme ce festival de Cannes, nous sommes connus pour être démocratiques et ouverts sur le monde. Démocratiques, le mot que je viens de prononcer, ce mot au combien important. Dans mon Pays, nous luttons, nous luttons d'arrache-pied pour défendre la démocratie, que nous considérions toujours comme acquise et ça concerne tout le monde, tout un chacun d'entre nous. Ça nous concerne tous parce que les Arts sont par essence démocratiques. L'Art est inclusif, il réunit les gens, comme ce soir. L'Art est en quête de la liberté, l'Art inclut la diversité et c'est pourquoi l'Art est menacé. Et c'est pourquoi, nous sommes une menace pour tous les autocrates et les fascistes de ce Monde !
– [FIN DU TEXTE CORRIGÉ]
Mémoires et traces significatives des extases et des transes ; réminiscences et partage du et des plaisirs !
Artiste, je suis pris dans d'innombrables couches géologiques et historiques, des stratifications temporelles mais aussi intemporelles...
– LIVRE : MERVEILLEUX LE CHEMIN DE HAN SHAN, HAN SHAN
C'est un très beau livre que j'aurais dû lire depuis longtemps car Garry Snyder, en parle et en cite très souvent des extraits dans ses livres suivants : Montagnes et rivières sans fin et ses poèmes dans Riprap, en sont tellement inspirés. Il a même voyagé au japon et en chine pour découvrir cette Montagne Froide, bravo aux deux ermites et poètes. On n'oublie pas non plus, bien sur, en lisant ces éblouissant poèmes d'élévation spirituelles, l'ami John Muir (Un été dans la Sierra), qui lui aussi s'était également éveillé dans la Sierra mais qui lui, appartenait pleinement et fusionnellement au Dieu chrétien. Mais peu importe le ou les chemins pour accédé à la pleine conscience du corps et à la plénitude de l'âme, l'important s'est d'y accéder, bien sûr !
Vénérable auditoire, le vide* contient le soleil, la lune, les étoiles, les planètes, la grande terre avec ses montagnes, ses fleuves, toutes ses plantes et ses arbres, les hommes bons et les hommes mauvais, les bonnes choses et les mauvaises choses, le paradis et l'enfer. Tous sont dans le vide. Le vide au cœur de la nature et de l'homme participe du même vide.
* Le vide, c’est-à-dire l’espace infini. P. 4
Quelle est l'essence de l’enseignement du Bouddha : fondamentalement rien. P. 7
je vois tous ces gens stupides,
accumulant fortune et grain,
buvant de l’alcool et mangeant des créatures,
se disant riches et comblés
ignorant les profondeurs de l’enfer,
ils recherchent le bonheur de monter au ciel
mais à cause de leurs péchés accumulés
et de leur mauvais karma,
comment échapperaient-ils au désastre ?
un riche propriétaire subitement meurt
on se bouscule pour se lamenter
on loue le service de moines pour réciter des prières
en vain on dépense beaucoup d’argent pour amadouer diables et génies,
sans le moindre résultat
en vain on fait appel à une foule de crânes rasés
mieux vaut se réveiller à temps,
afin de ne pas se construire un enfer de ténèbres,
mais d’être comme un arbre qui ne vacille pas dans le vent cinglant
le cœur authentique est libre tant du péché que du bonheur
ce message à la foule des gens,
le plus souvent possible lisez attentivement ce poème. P. 37
auparavant, pauvre à l’extrême,
nuit après nuit je dénombrais la richesse des autres
aujourd’hui j’ai bien réfléchi,
il est urgent pour moi de trouver une solution
je vais creuser et trouver un trésor,
une perle de cristal pur
à un étranger aux yeux verts,
qui insidieusement me proposera de l’acheter,
je répondrai « cette perle n'a pas de prix » P. 59
Excellente lesson de vie, surtout pour les artistes et les poètes, qui comme moi, ne vendent rien et souffre très souvent d'une misère extrême !
je vis retiré sous la falaise froide,
particulièrement enchanté par tant de merveilles
j'emporte un panier pour ramasser des plantes de la montagne,
une corbeille pour cueillir des baies et des fruits, puis m'en retourne
assis sur de la paille étalée je mange des légumes,
suce et mâche des champignons pourpres*
après avoir rincé ma calebasse dans l'étang limpide,
je fais une infusion avec un savant mélange de plantes
puis, assis sous le soleil, vêtu d’une peau,
je lis les poèmes des anciens* Le champignon pourpre, ganoderman japonicum, est considéré comme la "nourriture des dieux", de celles qui révèlent l'âme. P. 67
QUELLE VIE GENIALE : dans la simplicité et l'humilité les plus totales !
ce message aux gens bienveillants
quelle est la chose la plus chérissable ?
atteindre le tao et voir sa nature authentique
la nature authentique est ainsi faite,
originellement parfaite et totale
mais à rechercher des preuves on s'égare
quand on abandonne la source pour poursuivre les détails,
on finit complètement abruti P. 75
une écriture élégante,
un physique avenant
vivant, le corps a ses limites
mort, mâne anonyme
il en est ainsi depuis la nuit des temps
qui peut lutter contre ?
venez me rejoindre dans les nuages blancs
je vous apprendrai la chanson du champignon pourpre P. 100
dans ce monde quelle affaire déplorer le plus ?
toutes empruntent l'un des trois chemins de l’illusion
pourquoi alors ne pas suivre l’exemple de l’hôte
de la falaise et des nuages blancs ?
une seule bure, fruste, ainsi va la vie
l’automne arrive, dans la forêt les feuilles tombent
le printemps arrive, sur les arbres les fleurs s’épanouissent
en ce triple monde*, allongé, sans rien à faire
sous la lune claire et dans le vent frais je suis chez moi* Le triple Monde : de la réalité, de la pensée et du rêve. P. 103
ai-je un corps ou n ai-je pas de corps ?
suis-je moi ou ne suis-je pas moi ?
ainsi je m’interroge, je réfléchis
adossé à la falaise, le temps passe
entre mes pieds pousse l’herbe verte
sur mon crâne tombe la poussière rouge
je vois déjà les hommes du monde vulgaire,
devant mon lit de mort avec leurs offrandes de vin et de fruits P. 112
l’homme vit dans la poussière et l’ignorance
comme une chenille dans un bol,
toute la journée il tourne en rond,
sans jamais sortir de son bol
l'immortalité comment l’atteindre,
si les soucis jamais ne l’épargnent ?
mois et années comme l'eau s'écoulent
un instant, c’est déjà un vieillard P. 116
je regarde le sommet de la Terrasse du ciel
majestueux, solitaire, il domine la foule des pics
le vent se lève, faisant chanter pins et bambous
la lune émerge, réglant le rythme de la marée
plus bas, tout autour les montagnes vertes
je discute du grand mystère avec les nuages blancs,
mon sentiment sauvage se plaît en compagnie
des eaux et des montagnes
j'ai toujours souhaité avoir des compagnons de route (à commenter) P. 118
les quatre saisons sans répit se succèdent
une année passe, une année arrive
dix mille choses, flétries, sont remplacées
les neuf cieux eux jamais ne s'altèrent,
ne se dégradent
l’est s’éclaire, l’ouest s’assombrit
des fleurs fanent, des fleurs éclosent
seul le voyageur des Sources jaunes*,
une fois parti dans les ténèbres,
jamais ne sen retourne* Les Sources jaunes sont le séjour des morts. P. 130
à Han-shan seuls les nuages blancs
le silence, le silence en permanence, loin du monde de poussière
un siège en herbes pour l’homme de la montagne
pour lanterne solitaire la lune claire et ronde
pour lit un rocher au bord d’un étang limpide
des tigres et des cerfs pour habituels voisins
j'aime la joie de vivre retiré,
depuis longtemps homme hors du phénomène (à commenter) P. 133
depuis que je vis retiré à Han-shan,
je me nourris des fruits de la montagne
une vie sans le moindre souci,
à suivre en ce monde mon propre cours
mon existence est pareille au fleuve qui s’écoule
le temps passe, étincelle sur une pierre
je laisse ciel et terre à leur changement,
insouciant, assis sur un rocher P. 136
un torrent de jade, l’eau de la source est limpide
sur Han-shan, la lumière blanche de la lune
compréhension tacite, l’esprit dans sa clarté originelle
à contempler le vide s’épanouit la quiétude P. 139
vieux, malade, sur le déclin, plus de cent ans
le visage ridé, la tête blanche, j’aime toujours vivre sur la montagne
le corps vêtu de peaux, je suis mon cours,
sans envier les attraits du monde
on s'épuisé le cœur et l'esprit pour le renom et le profit,
toutes sortes de cupidité s'introduisent
dans le corps quand de cette vie flottante la lampe s’éteint, que l’illusion se dissipe,
dans le tombeau, le corps sous terre, on accède enfin au non-avoir. P. 144
les hommes d’aujourd’hui cherchent le chemin des nuages
le chemin des nuages est obscur, nulle trace
les montagnes sont hautes, les précipices dangereux
les ravins sont profonds, les eaux troubles
les pics de jade devant et derrière forment une barrière
les nuages blancs à l’ouest et à l'est
vous voulez savoir où se trouve le chemin des nuages ?
le chemin des nuages c’est le vide P. 146
Et oui, bien sûr, bien évidement, le chemin des nuages, c'est le Vide tout simplement !
– LES SAGES PAROLES D'ABBA MACARIUS L'ÉGYPTIEN
Un frère vint voir Abba Macarius l'Égyptien et lui dit : « Abba, donne-moi une parole, afin que je sois sauvé. » Le vieillard lui répondit : « Va au cimetière et insulte les morts. » Le frère s'y rendit, les insulta et leur jeta des pierres ; puis il revint et raconta cela au vieillard. Ce dernier lui dit : « Ne t'ont-ils rien répondu ? » Il répondit : « Non. » Le vieil homme dit : « Retourne-y demain et loue-les. » Le frère s'en alla donc et les loua, les appelant « apôtres, saints et hommes justes ». Il revint vers le vieil homme et lui dit : « Je les ai complimentés. » Et le vieil homme lui dit : « Ne t'ont-ils pas répondu ? » Le frère répondit que non. Le vieil homme lui dit : « Tu sais comment tu les as insultés et qu'ils n'ont pas répondu, et comment tu les as loués et qu'ils n'ont pas parlé ; donc toi aussi, si tu veux être sauvé, tu dois faire de même et devenir un homme mort. Comme les morts, ne tiens compte ni du mépris des hommes ni de leurs louanges, et tu seras sauvé. »
– INTERVIEW VIDEO > CAPITALISME ET SCHIZOPHRÉNIE / GILLES DELEUZE, FÉLIX GUATTARI. 1. L'ANTI-OEDIPE
Qu’est-ce que l’inconscient ? Ce n’est pas un théâtre, mais une usine, un lieu et un agent de production. Machines désirantes : l’inconscient n’est ni figuratif ni structural, mais machinique. – Qu’est-ce que le délire ? C’est l’investissement inconscient d’un champ social historique. On délire les races, les continents, les cultures. La schizo-analyse est à la fois l’analyse des machines désirantes et des investissements sociaux qu’elles opèrent. – Qu’est-ce qu’Œdipe ? L’histoire d’une longue “ erreur ”, qui bloque les forces productives de l’inconscient, les fait jouer sur un théâtre d’ombres où se perd la puissance révolutionnaire du désir, les emprisonne dans le système de la famille. Le “ familialisme ” fut le rêve de la psychiatrie ; la psychanalyse l’accomplit, et les formes modernes de la psychanalyse et de la psychiatrie n’arrivent pas à s’en débarrasser. Tout un détournement de l’inconscient, qui nous empêche à la fois de comprendre et de libérer le processus de la schizophrénie.
– EXTRAITS DU DISCOURS DU GÉNÉRAL DE GAULLE SUR LA CUTURE, 1965
Le 4 mai 1965, il y a 60 ans, le Général de Gaulle et André Malraux inaugurent la Maison de la Culture de Bourges (Cher). Après le discours de Malraux, le Général prend la parole :
« Sous l’impression profonde des paroles que vient de prononcer André Malraux, qui est un des hommes depuis tous les temps qui est le plus qualifié sans doute pour réunir, pour faire un ensemble de ce que sont les diverses branches de la culture, sous cette impression, je veux dire bien simplement combien je me félicite d’être venu constater la réussite que représente cette maison. Elle a été faite, je le sais, je le vois, grâce à des initiatives autant que grâce à des volontés et grâce à des certitudes. Je les ai vues à l’échelon national, à l’échelon de la ville et aussi à l’échelon de toutes nos provinces, qui commencent, à l’exemple de cette maison, à vouloir en posséder autant.
La culture, dans notre monde moderne, ce n’est pas seulement un refuge et une consolation au milieu d’un temps qui est essentiellement mécanique, matérialiste et précipité. C’est aussi la condition de notre civilisation, parce que, si moderne qu’elle puisse être, et plus moderne encore qu’elle doive être, c’est toujours l’esprit qui la commandera. L’esprit, c’est-à-dire la pensée, le sentiment, la recherche et les contacts entre les hommes. C’est pourquoi, encore une fois, la culture domine tout. Elle est la condition sine que non de notre civilisation d’aujourd’hui, comme elle le fut des civilisations qui ont précédé celle-là.
– LIVRE : LES IMMÉMORIAUX, VICTOR SEGALEN
Loti avait constaté trente ans plus tôt la même agonie : « La civilisation y est trop venue, notre sotte civilisation coloniale, toutes nos conventions, toutes nos habitudes, tous nos vices... Au bon père chrétien qui, sous l’ombrage de gros manguiers rose bronze, l’interrogera : « Vous cherchez toujours le dernier païen ? » Segalen répondra, amer : « Oui et je regrette de ne pas pouvoir le ressusciter. » Introduction de JL Coatalem, dans Les Immémoriaux de Victor Segalen.
Jean-Pierre Sergent, Besançon le 29 septembre 2025
AUTRES LIVRES LUS EN 2025 ET À EN TRANSCRIRE CERTAINS EXTRAITS
– LE MANGEUR DE RÊVES, LAFCADIO HEARN
– JEU ET THÉORIE DU DUENDE, FEDERICO GARCÍA LORCA
– LA PERSONNE ET LE SACRÉ, SIONE WEIL
– NOTRE-DAME DE PARIS, JORIS-KARL HUYSMANS
– LE SUD IMAGINAIRE, JEAN GIONO
– LA MORT, MAURICE MAETERLINCK
– GÉNIE DU CHRISTIANISME I, CHATEAUBRIAND (Beau livre, en citer des extraits + lire le tôme II)
– LES TRÈS RICHES HEURES DE L'HUMANITÉ, STEFAN ZWEIG
– LES PORTES DE LA PERCEPTION, ALDOUS HUXLEY
– RÉCIT SECRET, DRIEU LA ROCHELLE
– EN PÉLERIN ET EN ÉTRANGER, MARGUERITE YOURCENAR
– POÈME POUR LES OISEAUX, GARY SNYDER
– LE DIT DU VIEUX MARIN, SAMUEL TAYLOR COLERIDGE
– EXTINCTION, THOMAS BERNHARD
– TRISTESSE ET BEAUTÉ, YASUNARI KAWABATA
– KAWABATA-MISHIMA, CORRESPONDANCE
– LE ROMAN DE L'ANNEAU, PRINCE ILANGÔ ADIGAL (TRADUIT PAR ALAIN DANIÉLOU)