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Jean-Pierre Sergent

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Suites Entropiques 2011-présent

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Suites Entropiques* / 2011-présent

Durant l'été 2011, Jean-Pierre Sergent a commencé à peindre une nouvelle série intitulée Suites Entropiques qui est la continuation de sa série précédente Mayan Diary

Cet ensemble comprends aujourd'hui cent-treize peintures sur Plexiglas de 140 x 140 cm, qui seront présentées lors d'expositions à venir. 

*L'entropie mesure le degré du désordre d'un système physique; le nombre de réarrangements des constituants fondamentaux ; les ratios de l'ordre et du chaos et donc par extension, du rationnel avec l'irrationnel, de la structure géométrique et de l'exubérance organique...

En 2014, l'artiste a continué cette série en créant de nouvelles peintures dont les thématiques lui ont été largement inspirées par sa lecture attentive et curieuse des Upanishads, ce livre plurimillénaire et fondateur de la pensée Hindoue, qui réconcilie le soi avec l'âme universelle. Il y est souvent question du regard posé par l'homme sur le réel et la création universelle, et de l'émotion, de la poésie, du désir et des métaphores qu'ils suscitent en nous, êtres humains.

Le désir, la matrice, le temps du désir - Celui qui manie le tonnerre Indra, la grotte, Ha Sa, le vent, le nuage, le roi des cieux - Et de nouveau la grotte, Sa Ka La et l'illusion : Telle est la sagesse primordiale, qui nous embrasse, Mère de l'immense univers.
— Tripura Upanishad #8

Des milliers de fois auparavant - J'ai vécu dans la matrice d'une mère - J'ai pris plaisir à une grande variété de nourritures - Et je fus allaité à tant de seins maternels - Je naissais, et mourais de nouveau - Et continuellement, je renaissais une nouvelle fois.
— Garbha #4, in 108 Upanishads, Martine Buttex

Quelques passages à lire afin de mieux appréhender le travail sur la série des Suites Entropiques :

S'interpénétrer profondément tout en gardant son propre éclat

Toutes les sphères des sens et champs de perceptions
S'interpénètrent, tout en gardant leur propre éclat ;
Elles agissent l'une sur l'autre alors même qu'elles s'unissent,
Tout en gardant leur place et leur apparence propres.
— L'Identité du relatif et de l'absolu, Shitou Xiqian

À propos du format carré en forme de mandala et de l'accumulations d'images superposées dans un grand ensemble mural monumental :

Un mandala offre une image ou un modèle de cet ensemble universel (le corps universel) avec au centre, le Bouddha Vairochana représentant le monde de la vacuité ; se déploient à partir de ce centre toutes les formes qui peuvent exister. Ce centre est toutes les formes possibles, toutes les formes possibles sont ce centre, ceci parce que ce centre est un point sans dimension. N'étant rien, il n'exclut rien ; n'excluant rien, il est tout.
— Le Cercle infini, Bernie Glassman

Deux autres citations permettant de comprendre l'idée derrière l'accumulation et la présence forte des images :

L'enchevêtrement signifie que les décorations existantes étaient négligeables au moment du tracé d'une nouvelle image.
— Lascaux, Georges Bataille

Mes dessins ne sont pas des dessins mais des documents, il faut les regarder et comprendre ce qu'il y a dedans...
— Cahiers, Antonin Artaud

J’ajoute au langage parlé un autre langage et j’essaie de rendre sa vieille efficacité magique, son efficacité envoûtante, intégrale au langage de la parole dont on a oublié les mystérieuses
possibilités.
— Lettre sur le langage, Antonin Artaud, 1932

Or ce que je dessine ce ne sont plus des thèmes d’Art transposés de l’imagination sur le papier, ce ne sont pas des figures affectives, ce sont des gestes, un verbe, une grammaire […]. Aucun dessin fait sur le papier n’est un dessin, […] c’est une machine qui a souffle […]. C’est la recherche d’un monde perdu et que nulle langue humaine n’intègre et dont l’image sur le papier n’est plus même lui qu’un décalque, une sorte de copie amoindrie. Car le vrai travail est dans les nuées.
— Dix ans que le langage est parti…, Antonin Artaud, 1947