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Jean-Pierre Sergent

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Bondage & Freedom

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Bondage & Freedom

2002-2003, New York

Acryliques sérigraphiées sur papier Rives B.F.K., 25 x 25 cm.

Cette série est ma dernière réalisation New Yorkaise. C'est une réflexion sur le désir, la souffrance et la libération par la jouissance. Ces images de bondage japonais interpellent le spectateur car elles sont à la fois sublimes et douloureuses et questionnent le rapport au corps, imposé par chaque culture contemporaine : où est le lieu de la liberté absolue ?

Bondage and Freedom
- Cet instant magique où la souffrance ultime se transforme en Océan de plaisir.

Les images de « Bondage » sont une parfaite métaphore de l'actuelle condition humaine. Car les Hommes ont inventé des systèmes politiques, économiques et religieux qui aujourd'hui dépassent l'échelle humaine. Cette démesure est celle de l'époque du Marquis de Sade et de la Révolution Française, où la vie était si fragile, si violente, si aléatoire.

Le corps est lié, soumis, emprisonné, mutilé dans un carcan social, idéologique, mythique et religieux, où la seule échappatoire est la jouissance. La transmutation de la douleur en plaisir. Les images de "Bondage" sont en relation avec une mémoire Humaine universelle du sacrifice humain. Il reste dans chacun de nous la mémoire d'un cannibale et d'un sacrificateur, et quoi de plus violent que de sacrifier la beauté de la femme aux Dieux? La pornographie contemporaine est rituelle au même titre que les rîtes anciens des prêtresses d'Isis ou de Dionysos. Négation totale de l'ego, pour que le corps devienne objet, comme le cadavre, ou la viande sur l'étal du boucher. Immersion donc dans l'universel, le non-dit, la non-appartenance, l'oubli, la magie.

Sexuellement parlant, le "Bondage" est une déviation d'impuissants, d'hommes infantilisés, leur Persona subjuguée par le désir de jouissance de la femme qu'ils ne peuvent combler. C'est une métaphore pathétique de l'expérience sexuelle humaine, et spécifiquement Japonaise, où la culture machiste, n'a pas les moyens physiques de dominer la femme, les hommes les dominant psychologiquement en les humiliant. Mais même liée, humiliée, torturée et soumise, la femme reste belle, reine et sereine, et l'homme ressemble à un stupide boucher de bas quartier ou à un bourreau d'une époque révolue portant inscrit dans sa tête un pseudo désir esthétique, déviance surannée d'homme castré.

Ces images ont pourtant parfois la même puissance religieuse que les images de crucifixion de l'Occident, comme si chaque culture inventait sa propre violence pour se guérir de son incommensurable effroi devant la mort, l'impuissance et la fragilité éphémère de la beauté féminine.

Jean-Pierre Sergent, New York, 2002